Que l’école, le collège, le lycée, l’université soient des lieux ouverts où des jeunes apprennent à construire leur personnalité, à acquérir des savoir-faire, où ils se préparent à s’insérer dans des communautés familiales, sociales, professionnelles, civiques, internationales…Tel est l’enjeu de l’éducation aujourd’hui.
C’est donc l’objectif de nombreux courants pédagogiques, les uns anciens, les autres plus récents, tel l’enseignement personnalisé et communautaire. Ce mouvement, à la suite des travaux de Pierre Faure s.j., est à l’origine de nombreuses réalisations, écoles et centres de formation pédagogique un peu partout dans le monde.
Ces expériences, et sans doute bien d’autres qui vont dans le même sens, montrent ce que peut être l’école : un lieu de vie largement ouvert sur l’extérieur où des jeunes, heureux de travailler, se sentent responsables d’eux-mêmes, de leurs apprentissages et prennent plaisir à s’exprimer ; où des enseignants aident, conseillent, permettent à chacun de découvrir ses aptitudes et son dynamisme propres.
Ce n’est ni un miracle, ni une utopie, mais le résultat d’une autre conception de l’éducation avec une organisation radicalement différente de l’espace et du temps scolaires, mais aussi avec un climat pédagogique particulier qui dépend pour l’essentiel du rôle et des attitudes des enseignants.
Le principe de base, déjà cher à Maria Montessori, est le libre choix
Chaque élève doit être libre de choisir la spécialité, les thèmes, les questions qu’il souhaite étudier à partir des programmations établies dans chaque discipline par l’enseignant et dans le cadre de » plans de travail » ou de » contrats d’objectifs » construits par le jeune.
Dans certaines expériences, ce principe du libre choix a abouti à la suppression pure et simple des classes traditionnelles. Il n’y a plus de 6e ou de 3e, mais des salles spécialisées, comme par exemple » l’histoire » ou » l’anglais « , dotées de programmes et d’équipements correspondant à différents niveaux. Des élèves d’âges différents peuvent s’y rendre librement et aussi longtemps qu’ils le veulent.
L’organisation peut varier selon les niveaux d’enseignement ou les possibilités locales. Elle est facilitée dans une école entièrement personnalisée. Elle peut cependant être mise en oeuvre au sein d’une classe isolée dans un ensemble traditionnel. Il est souhaitable que les locaux, le mobilier scolaire permettent l’alternance de phases de travail personnel et de phases collectives.
Le temps de travail personnel
Pendant ce temps, les élèves doivent pouvoir se déplacer pour se documenter, rechercher, expérimenter, solliciter l’aide d’un camarade ou du maître. Selon leurs goûts et selon les matières, ils doivent pouvoir travailler seuls ou à plusieurs.
Cela suppose qu’on leur donne les moyens de travailler : des supports papier, vidéos, numériques … du matériel didactique pour manipuler, s’exercer et des indications précises pour guider, ouvrir des horizons…
L’avantage d’un enseignement personnalisé est de respecter les rythmes d’apprentissage. Dans un système traditionnel, l’enseignant travaille pour un élève » moyen » qui, en réalité, n’existe pas. En travail personnalisé, chacun peut travailler à son rythme, ce qui n’interdit pas au professeur d’intervenir de temps à autre pour préciser, stimuler la recherche. Nous ne sommes pas ici dans une pédagogie non-directive ou de laisser-faire…
Les temps collectifs
Lors des phases de travail collectif, la classe de travail personnalisé ou les salles spécialisées se transforment en espaces communautaires.
Après le travail personnel, seuls ou en petits groupes, des jeunes du même âge mettent en commun leurs découvertes, parlent de ce qu’ils ont fait, de leurs progressions, de leurs difficultés, de la manière de gérer leur temps.
Ce sont aussi des moments d’organisation de la vie du groupe ou de l’école où l’on se partage les responsabilités, où l’on bâtit des projets communs. Ce sont, enfin, des moments de réflexion sur l’actualité, des temps privilégiés d’expression et de communication.
Le rôle de l’enseignant
Dans une telle organisation, le rôle de l’enseignant est primordial par la préparation minutieuse de son travail, mais aussi et surtout, par ses attitudes et son comportement dans les différentes phases individualisées ou collectives.
Dans les moments de travail personnel, observateur actif et attentif de chacun et de tous, il guide, oriente, remet sur les rails, mais en se gardant bien d’agir ou de penser à la place des élèves. Dans les moments collectifs, il donne la parole, favorise l’expression de chacun, met en valeur le timide ou celui qui doute de ses possibilités.